Convaincre les lanceurs de projets est essentiel. Voilà pourquoi le PTNB a, très vite, souhaité éditer un guide pratique sur la conduite d’opération en mode BIM à destination des maîtres d’ouvrage. Une tâche accomplie par la Mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques (MIQCP).

Des recommandations très pratiques

Mais alors comment formuler ces exigences sans entraver la liberté du choix des moyens de la maîtrise dʼœuvre et des entreprises de travaux ? Et, plus particulièrement pour les maîtres dʼouvrage publics, le cadre réglementaire actuel en général et la loi MOP relative à la maîtrise d’ouvrage publique et à ses rapports avec la maîtrise d’œuvre privée sont-ils compatibles avec lʼapproche collaborative proposée par le numérique ? Cʼest pour y voir clair sur toutes ces questions que le PTNB a lancé une mission dʼétude dès février 2015. Elle a été confiée à Christian Romon, secrétaire général de la Mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques (MIQCP), dans le but dʼélaborer un ensemble de recommandations très pratiques, reposant sur des expériences et des avis réels, dédiées à la maîtrise dʼouvrage. Le guide qui en résulte sʼappuie sur les réflexions et les contributions du groupe de travail rassemblé par Christian Romon qui associe tous les professionnels concernés.

 

Une charte pour hiérarchiser les étapes

Ce document de 54 pages est complet. Il décrit par le détail comment se lancer dans le BIM et conduire une opération en mode numérique avec les autres acteurs de la construction. Plusieurs étapes sont hiérarchisées autour de la rédaction dʼune charte encadrant chaque projet de construction. Il sʼagit dʼun document générique et contractuel, élaboré par le maître dʼouvrage pour traduire sa politique en termes dʼobjectifs de qualité et de performances. La charte recense notamment les exigences à satisfaire pour que le processus BIM des opérations puisse alimenter son processus exploitation-maintenance BIM de son patrimoine.

Lorsque le maître dʼouvrage dispose dʼun outil de gestion technique de son patrimoine, cette charte doit aussi préciser les caractéristiques numériques des objets de la maquette de conception pour quʼils soient facilement exportables dans le logiciel de gestion technique et de maintenance. Toutes les données extraites et transférées doivent donc nécessairement être interopérables. Par ailleurs, certaines informations ne sont pas forcément nécessaires en phase de conception-construction mais sont obligatoires lors des phases dʼentretien-exploitation-maintenance du maître dʼouvrage. Cette exigence devra être très clairement formulée dès lʼélaboration de la charte.

 

 

 

 

 

Un guide complet à destination du maître d’ouvrage

Le guide précise les rôles et responsabilités des acteurs en matière dʼusage de la maquette numérique et décrit les actions à mener par le maître dʼouvrage.

Les recommandations sʼappuient sur les retours dʼexpérience de plusieurs pionniers tels que la Direction des lycées de la région Auvergne-Rhône-Alpes ou le bailleur social Habitat 76. Tous deux sʼappuient sur la maquette numérique pour gérer une information riche et structurée. Leurs chartes maquette numérique et cahier des charges peuvent inspirer dʼautres maîtres dʼouvrage. Le guide intègre également un volet centré sur les incidences financières et économiques dʼune démarche BIM et un glossaire détaillé de maquette numérique/BIM. Les annexes précisent les niveaux de définition de la maquette numérique exigés à chaque étape dʼavancement du projet et du chantier, puis durant lʼexploitation et jusquʼà la démolition. Sʼil est rédigé en tenant compte des contraintes spécifiques de la maîtrise dʼouvrage publique, le guide est également utile aux maîtres dʼouvrage privés.

Lʼoffre de soumissionnement du maître dʼœuvre devra proposer une convention BIM qui répond exactement à la charte BIM intégrée dans le dossier de consultation. Cette convention est une pièce contractuelle des marchés de travaux, elle décrit les modalités dʼorganisation de la démarche BIM mise en place pour le projet.

 

Le BIM ne remet pas en question le mode actuel

Ce guide est destiné à garantir des constructions de meilleure conception, de qualité, aux délais et aux coûts maîtrisés. A la livraison, le maître dʼouvrage doit obtenir une base de données à jour sur les caractéristiques de lʼouvrage afin dʼen faciliter lʼexploitation et lʼentretien. Surtout, ce guide démontre que la démarche BIM ne remet pas en question le déroulement dʼune opération de construction. La programmation, qui relève de la maîtrise dʼouvrage, reste suivie dʼune étape de conception architecturale et technique sous la responsabilité de la maîtrise dʼœuvre, puis de la construction menée par les entreprises.

De même, le BIM ne change pas le séquencement des études de conception tel que défini par la loi MOP. On y retrouver les études dʼesquisses, dʼavant-projet sommaire (APS), dʼavant-projet détaillé (APD), de projet et dʼexécution. Mais ces phases de conception prendront davantage de temps pour réduire la phase dʼexécution. À ce titre, les auteurs du guide observent que la répartition des honoraires avec la maîtrise dʼœuvre devra en tenir compte. Intitulé « Guide de recommandations à la maîtrise dʼouvrage », ce document reste dʼactualité.

Pour en prolonger lʼimpact, et catalyser la diffusion des bonnes pratiques, le PTNB a complété le contenu du guide avec la création de deux « clubs utilisateurs » ouverts aux maîtres dʼouvrage qui se sont engagés dans la démarche. Le premier sur les phases de la conception-construction est animé par la MIQCP, le second traitant de gestion- exploitation-maintenance est confié à lʼassociation Apogée.